En attendant le boulot (2)

Depuis le dernier billet concernant ce possible nouvel emploi, j’ai passé deux nouveaux entretiens.

Dans le pénultième, après la tête de croque-mort d’introduction qu’affichent mes deux interlocuteurs, je m’attends à ce qu’on me remercie de m’être déplacée encore une fois, de mon temps, du travail accompli et qu’on m’annonce que ce beau rêve ne se réalisera jamais.
Et les voilà qui me remercient d’être venue à nouveau jusqu’à eux, du temps passé à chercher des idées, de mon travail et qui m’annoncent que le poste a changé.
Merde me dis-je, me fiant encore à ces mines tristounettes, ça sent l’excuse polie mais bidon pour me dire que mon profil ne correspond plus à la fonction offerte et qu’ils ont besoin de quelqu’un, au choix :
– de plus expérimenté
– qui demande un salaire moindre
– qui parlerait couramment le mandarin, le suédois, le finnois, et au moins une langue balte
– qui aurait les cheveux moins longs et les ongles des orteils moins carrés
– dont le prénom commencerait par une apostrophe
all of the above.

Ils causent tour à tour et je ne les écoute que distraitement, comme on ne prête plus vraiment l’oreille à cette chanson que l’on connaît par cœur malgré soi et qui passe encore et encore à la radio. Je me demande d’où je vais tirer la force de postuler pour de nouvelles offres, j’imagine une façon élégante de dire merci, accrochant ce sourire brave à mes lèvres qui égrènerait un message dans le genre « c’est la vie, croyez-le, je suis un peu déçue de ne pouvoir collaborer avec vous, mais cette minime déconvenue n’entachera pas ma sérénité légendaire ».

Mais j’ai bien fait d’enregistrer quand même ce qu’ils disaient pendant que je me perdais en discours imaginaires : le poste changeait d’envergure, en effet, il ne concernait plus uniquement la petite entité, mais aussi la grande, l’autre grande et ainsi que le groupe formé par les trois. Par conséquent, je travaillerais pour plus de monde, ce qui rend les choses plus compliquées mais aussi plus intéressantes, enfin, ça, c’est si j’étais toujours intéressée et si je pensais que j’avais les épaules pour, me demande Feu Sacré.
Tu parles, Charles !
Encore une fois, je suis soufflée. J’acquiesce en essayant de dissimuler ma surprise.

Ils me donnent alors des infos pour que j’arrive à séduire mes autres futurs potentiels donneurs d’ordre. Elles me permettront de préparer la nouvelle présentation que je ferai à Feu Sacré et à mes autres futurs patrons.

Le lendemain, je reçois un mail : la date du prochain rendez-vous est fixé, j’ai dix jours avant la soutenance de ma présentation.

J’envoie très vite un premier jet à Feu Sacré et à son acolyte (que nous appellerons désormais Justin, si vous le voulez bien), les invitant à faire des commentaires.
Pas de réponse.

J’appelle trois jours avant la date pour avoir des nouvelles après m’être torturée pendant tout un week-end, me persuadant que ma présentation était trop nulle pour être même lue et encore moins commentée, que j’étais complètement à côté de la plaque, qu’ils devaient penser qu’il ne me restait plus qu’à m’immoler par le feu suite à l’affront que je venais de leur faire en leur envoyant une preuve si éclatante de mon absence totale d’intelligence. Justin me répond qu’il n’a pas eu le temps de regarder mais que si Feu Sacré ne m’a pas fait de remarque, c’est que ça va. OUF !

La veille au soir, alors que je met les dernières touches à mon Pahouère-Point en jamais-satisfaite que je suis, mon téléphone sonne. C’est Feu Sacré qui est désolée de me dire que le rendez-vous est reporté de 24 heures.

Le lendemain soir, la scène se reproduit à ceci près que l’on m’avertit que mon public du lendemain ne sera pas au complet. Seul Feu Sacré pourra m’écouter car les autres patrons ont plein de choses hyper-importantes à voir, mais il ne veut pas que j’aie l’impression d’avoir perdu mon temps ni qu’il me mène en bateau, aussi nous verrons-nous coûte que coûte le lendemain.

Arrive enfin le jour de la présentation en comité plus que réduit. Mes idées plaisent et il me donne des billes supplémentaires pour enrichir mes propositions afin d’épater un peu plus la galerie quand je devrais montrer aux autres ce dont je suis capable.

Quand j’aurai retoqué ma présentation, je lui renverrai pour relecture et nous conviendrons d’un — mais oui, déjà ! — sixième rendez-vous !
Nous nous quittons en tablant sur une embauche début janvier…
Nous sommes alors fin octobre, mon préavis est négociable et en général négocié, l’hypothèse Nouvel An, Nouveau Job est réaliste.

Évidemment, j’ai rempli ma part du contrat. Présentation étoffée et envoyée.
Mais près de 3 semaines plus tard, toujours rien.

C’est ici que la narration rejoint le vrai présent.
Après moult tergiversations, j’envoie une piqûre de rappel à feu Sacré et à Justin par courrier électronique, il y a une heure.

Je reçois une première réponse de Justin qui me dit en substance qu’il est un peu hors de la boucle mais qu’il me garantit que Feu Sacré fait de son mieux malgré un emploi du temps fort chargé pour fixer une date. Justin montre sa bonne volonté en m’assurant qu’il fera le rappel à feu Sacré.

Quelques minutes plus tard arrive le second mail de Justin, décidément terriblement efficace celui-là, qui venait à peine d’en repasser une couche. Feu Sacré me remercie de mon travail et me donne une date de rendez-vous très vite, mais il est ardu de dire quand exactement puisque cette fin d’année est bien remplie.

Je répond que je serai patiente et je me remercie de sa diligence.

Il me renvoie un mail en me remerciant à nouveau.

Je vais mieux dormir ce soir…

A propos Jazz

Jazz, c'est juste moi, ici et là.
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2 commentaires pour En attendant le boulot (2)

  1. Juste pour dire que je suis là…
    Je dis rien mais je suis là 😉
    Biz

  2. Jazz dit :

    Je te vois. Merci d’être là.

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